Ellrich & Dora

MAIS CE QU’IL A VECU NE PEUT ET NE DOIT ÊTRE ENDURE PAR AUCUN INDIVIDU!
Le plus poignant est que, malgré sa douleur et sa peine, Guy ne cessait de s’excuser… mais pourquoi?!! Pour avoir été la victime de cette horrible période de notre Histoire?!! Puis nous sommes accueillis par Inge Eisenächer, une allemande qui entretient le camp depuis des années en y mettant tout son coeur. Cette femme est honorable: c’est grâce à des gens comme elle que la Mémoire peut perdurer. Sa présence réchauffe le coeur de Guy et de nous tous.
Nous nous recueillons sur une stèle avant de nous enfoncer dans la forêt où se trouvait auparavant le camp. Il n’en reste rien: seules des ruines à moitié recouvertes par la végétation et des panneaux d’information témoignent du passé concentrationnaire de cet endroit. Sans cela, nous serions simplement sur un sentier de randonnée…
L’après-midi, consacrée au camp de Dora, contraste avec la matinée: le camp est très bien entretenu. Toutefois, il reste un lieu hostile et triste. Sur la place d’appel, une fresque où sont représentés les détenus; ici et là, des fondations de blocks, des rails.
Puis nous rentrons dans le tunnel de Dora où étaient construites les fusées V1 et V2; fusées ayant tué plus d’hommes à la construction qu’à l’utilisation…
Dans le tunnel, il fait 8°C, humide et sombre. Avec mes trois couches de vêtements, je grelotte mais n’ose pas me plaindre: les déportés eux, ne portaient qu’une chemise de toile. Certains, restés 6 mois à travailler là sans se laver ni voir le jour, sont ressortis aveuglés par la lumière et les poumons bouchés par la poussière.
Robert nous raconte qu’un jour dans le tunnel, il a été désigné avec 9 de ses camarades et plaqué contre un mur. Les SS ont mitraillés. Il est le seul survivant de ce crime parmi tant d’autres. Il pleure; nous l’encerclons.
Peu à peu, nous parcourons ce tunnel immense où il reste des pièces nécessaires à la construction des fusées. Mais il reste surtout une chose dans ce lieu sinistre: un sentiment, celui de la douleur, gravé à tout jamais dans la pierre froide de ce tunnel, semblable au coeur des auteurs de ce crime.
En sortant du tunnel, Robert nous montre la maquette d’une fusée qu’il a réalisée lui-même ainsi qu’une figurine de plomb représentant un déporté. Puis, il nous montre un carnet noir ayant appartenu à un ami déporté: ce carnet, écrit dans un milieu autoritaire, est une preuve de la résistance dans les camps, de la force de certains détenus qui faisaient tout pour ne pas devenir de simples « morceaux ». Nous étions tous à observer ce cahier comme des enfants autour d’un trésor: car c’est un véritable trésor.
Après un recueillement autour d’une statue représentant des déportés et une « visite » des fours crématoires, nous faisons le tour du camp. Puis Robert émet le désir de voir sa baraque. Nous voilà donc tous partis en « vadrouille » tels des randonneurs au sac HG (à la pointe de la mode), au milieu des broussailles.
Puis nous arrivons à l’emplacement du block, lieu quasi-inaccessible où nous trouvons des murs, une gamelle, de la faïence, du fer et… des orties!