En voyage à Berlin

Nous remontons dans le bus pour aller voir le parce du Tiergarten et la colonne de la victoire, puis la place de l’Opéra, l’avenue Unter den Linden… L’ambiance se détend, les blagues de Guillaume fusent et Robert a toujours une anecdote drôle à nous raconter. Nous traversons le Checkpoint Charlie, « le point de contrôle C », un poste frontière qui permettait de passer le mur pendant la Guerre Froide. Nous arrivons au nouveau centre du Potsdamer Platz, le terrain où se trouvaient les quartiers généraux nazis, tel que la Gestapo, la SS et l’office central de Sécurité du Reich. Vers 1956, ces bâtiments ont été rasés, pour que cette partie de l’Histoire tombe dans l’oubli. En 1987 a été ouvert un centre de documentation, regroupant documents officiels, plans, photos, objets utilisés par les nazis. Ce centre porte le nom de « Topographie de la Terreur ». A l’extérieur, il y a un morceau du mur de Berlin intact, avec ses tags. Nous profitons d’une visite guidée en français, divisés en deux groupes. Après avoir passé la porte de Brandebourg, nous traversons le quartier gouvernemental, et voyons le Reichstag de l’extérieur, avec la coupole moderne de Normann Forster. Nous passons devant l’actuelle chancellerie, ou réside Angela Merkel.
Puis nous roulons jusqu’au Musée Juif, conçu par Daniel Libeskind, un architecte juif polonais vivant aux Etats-Unis. Tout dans ce musée est source de réflexion philosophique et la question de ressenti est extrêmement importante. En effet, l’architecture représente une étoile de David brisée, les jardins sont plantés au somment de hautes colonnes de béton et symbolisent un rêve hors d’atteinte, qui rappelle la vie des déportés dans les camps de concentration. Il y a également une pièce appelée Tour de l’Holocauste. Elle est assez grande mais surtout très haute, froide et obscure. La seule source de lumière provient du toit, puisqu’il y a un trou dans le plafond qui la laisse passer. Ce trou est l’espoir d’évasion, le seul endroit par lequel on peut sortir. Malheureusement, les murs sont nus et les barreaux qui montent au plafond sur un des murs débutent à deux ou trois mètres du sol, inatteignables. Encore cette sensation d’enfermement, alors que la sortie paraît être juste à portée de main. Puis on entre dans une salle dont le sol est recouvert de visages grimaçants en métal, empilés les uns sur les autres. Guillaume nous encourage à marcher dessus et à vingt personnes, ces visages font un bruit d’enfer. Guillaume nous fait remarquer quelque chose. « Les trains qui emmenaient les déportés, ils passaient à côté de villages et dans des villes. Tout le monde les voyait et les entendait. Et vous, vous les entendez là ? » Et effectivement, maintenant qu’il le dit, on entend les trains, les bruits de métaux crissants. Et marcher sur ces visages nous mets dans la peau du bourreau. C’est très dérangeant. Nous finissons la visite et rentrons à l’hôtel dans l’après-midi.
Nous repartons à pied pour les achats de souvenirs et de cartes postales (que j’oublierai d’envoyer) et recroisons les assassins de Mozart qui jouaient dans la rue, ce qui nous a fait bien rire.
Le soir nous mangeons tôt, dans le même restaurant que la veille. Puis nous partons pour une balade de nuit dans la ville, puisque la montée au Reichstag n’a pas pu se faire, faute de réservation. En passant devant l’ambassade de France, nous nous apercevons qu’il y a des cameramans, des policiers et un rassemblement devant l’entrée. Intrigués, nous nous arrêtons et Françoise nous annonce que François Hollande est attendu par Angela Merkel. C’est pour cela que nous n’avions pas pu entrer dans l’ambassade… Nous décidons alors de l’attendre et Guillaume, toujours prêt quand il faut avoir l’idée du siècle nous dit « Quand il sort de la voiture, on chante la Marseillaise ! » On est tous partants et, surexcités, on met en place un drapeau tricolore sur le bord de la route avec les tee-shirts. Quand il arrive, c’est le feu. Guy ne tient plus en place et dès qu’il descend, nous entamons en cœur l’hymne national. Il arrive alors vers nous et nous demande qui nous sommes. On lui explique, on échange des poignées de main et il repart. Alors ça, être à Berlin pour voir notre président, c’est pas commun. La soirée se finit très bien, tout le monde rit, et on aurait pu croire qu’on se connaissaient depuis toujours.
Réunion habituelle, et tout le monde au lit.